Les bâtiments et le plan de l’abbaye de Grandselve.

Les bâtiments et le plan de l’abbaye de Grandselve.

Plan schématique de l'abbaye de Grandselve.

Plan schématique de l’abbaye de Grand Selve à la fin du XVIIIème siècle. Il remplace le plan de Bertrand-Adolphe JOUGLAR proposé en 1856, devenu obsolète. Reproduit grâce à l’aimable autorisation de Monsieur Jean-Michel GARRIC. Les descriptions ci-dessous proposent une synthése des travaux de cet auteur (1997), travaux complétés par les résultats des sondages de 2008.

Avant les années 1970, il était particulièrement difficile de se faire une idée de la configuration architecturale de l’abbaye de Grandselve tant sa destruction a été menée avec constance, rapidité et efficacité. Heureusement, les travaux de Daniel CAZES en 1974, et les sondages archéologiques menés au cours de la campagne de fouilles 2007-2008, ont permis d’apporter de nombreuses informations. Un programme pluri-annuel d’étude et de valorisation du site pourrait enfin voir le jour.

Grand Selve se trouvait sur la vallée de la Nadesse, au cœur d’un massif boisé entouré de terres défrichées.

L’environnement du monastère.

L’enclos.

Le plan de l’enclos d’une superficie de huit hectares environ, est connu grâce au cadastre. Depuis la porterie, qui est le seul bâtiment subsistant de nos jours, un mur de briques se dirigeait vers la Nadesse pour la longer sur environ 300m, pour ensuite remonter vers le Nord sur 270m. Le mur jouxtait alors ce qui est aujourd’hui la D62 sur près de 260m, pour prendre un coude vers le Sud et revenir en direction de la porterie.

La porterie.

La porterie moderne remonterait à 1727. Une haute porte cochère, à présent murée, s’ouvrait dans le corps central, encadrée de deux ailes basses avec deux portes latérales.

La cour et les écuries.

Les plans cadastraux montrent clairement la cour, un grand espace d’environ soixante mètres d’Est en Ouest sitôt passé la porterie. Au Nord de cette cour, étaient situées des écuries et des granges à foin. Un terrain s’étalant en pente douce vers la Nadesse, était orné de plantations.

L’hotellerie et le petit cloître.

L'hôtellerie et le petit cloître de Grandselve.

1 à 9 : Hôtellerie XVIIIème à l’emplacement du petit cloître et des annexes médiévales.

1 – Cour et colonnade prostyle. 2 – Vestibule et escalier d’honneur. 3 – Procure. 4 – Pavillon nord-est. A l’étage : appartements prioral et abbatial. 5 – Aile nord. A l’étage : chambres des novices. 6 – Au rez-de-chaussée : galerie sur arcades. (A l’étage, appartements des hôtes.) 7 – Au rez-de-chaussée : greniers. 8 – Aile sud. A l’étage salles communes de l’hôtellerie et bibliothèque. 9 – Cour. Emplacement supposé du petit cloître médiéval.

L’hôtellerie se trouvait à l’intérieur de l’enclos et près de l’entrée. Elle fut construite au XVIIIème siècle sur l’emplacement de bâtiments médiévaux, plusieurs fois remaniés, organisés autour d’un petit cloître carré (30,53m de côté), ajouté au XIIIème siècle.

A l’intérieur du corps central du bâtiment, le vestibule sur lequel ouvrait une colonnade prostyle contenait un escalier de pierre avec une rampe en fer. Au rez-de-chaussée, à droite du vestibule se trouvait la procure; à gauche, de beaux greniers.

Tout l’étage était réservé à l’appartement des étrangers. On y trouvait six chambres, précédées d’antichambres ouvrant sur un couloir. Dans l’aile nord on avait établi les chambres des novices. L’aile sud accueillait le salon des hôtes, la salle à manger, diverses pièces et la dernière bibliothèque.

Les constructions du monastère.

Grandselve n’a pas dérogé au plan rationnel des abbayes cisterciennes.

L’aile des moines.

L'aile des moines.

10 à 15 : Aile des moines. A l’étage : dortoir.

10 – Sacristie. 11 – Ancien armarium (bibliothèque médiévale). 12 – Salle capitulaire. 13 – Emplacement possible du parloir et de l’escalier du dortoir. 14 – Passage. 15 – Salle des moines. 16 – Zone où s’élevait le fort.

En son entier, elle mesurait 73m de long, sur 16,16m de large, dimensions considérables mais proportionnées au nombre de religieux au XIIIème siècle.

Dans cette aile se succédaient, à partir du transept :

  • l’ancien armarium de 6,29 m de côté (première bibliothéque des manuscrits);
  • la sacristie de 9 m sur 6,29 m, dont les arcs des croisées d’ogives retombaient sur une seule colonne placée au centre;
  • la salle capitulaire, vaste carré mesurant 16,16 m de côté. Son couvrement comptait neuf travées carrées à croisées d’ogives dont les arcs et les doubleaux reposaient au centre sur quatre colonnes de marbre. Les baies ouvrant sous la galerie du cloître étaient garnies de colonnettes de marbre.
  • un parloir,
  • un escalier menant à l’étage où était le dortoir,
  • une salle de travail.

A l’étage, le dortoir commun des religieux n’était pas voûté mais simplement couvert d’une charpente. Plus tard, il fut divisé en cellules qui furent plusieurs fois refaites. Au fond se trouvaient des latrines.

L’aile du réfectoire.

L'aile du réfectoire.

17 à 21 : Aile du réfectoire.

17 – Chauffoir médiéval. A l’étage, bibliothèque de la fin XVIIème et chambres d’hôtes. 18 – Emplacement de l’infirmerie construite en 1610. 19 – Réfectoire médiéval. 20 – Cuisines. A l’étage : appartements divers. 21 – Ateliers de l’époque moderne.

Dans cette aile, se trouvaient le chauffoir, le réfectoire et les cuisines.

Le réfectoire qui occupait le centre de l’aile aurait été long de 42,20m et large de 9,88m. En 1630, il fut séparé en deux étages par un plancher.

Au Moyen Age, on y trouvait également le four à pain et diverses pièces de stockage.

Comme en bien d’autres abbayes, c’est cette aile qui a subi le plus de remaniements à l’époque moderne. Vers l’est fut établie la bibliothèque à la fin du XVIIème siècle, bâtie à l’emplacement de chambres. A la même époque, la cuisine fut surmontée d’un appartement. Une dépense, où mangeaient les valets, jouxtait le chauffoir au rez-de-chaussée. En arrière, entre le réfectoire et le fort, on construisit la nouvelle infirmerie autour d’une cour, avec étage, chambres, galeries, apothicairerie, escaliers. De l’autre côté, entre le réfectoire et la cuisine, séparés d’elle par une cour, se situait la menuiserie et l’atelier de tonnellerie. Là encore s’élevaient des appartements de domestiques, autour et au-dessus des ateliers.

L’aile des convers.

L'aile des convers.

22 à 25 : Aile des convers. A l’étage : dortoir.

22 – Ruelle (hypothétique). 23 – Cellier. Converti en remise et boulangerie. A l’étage : hôtellerie XVIIème – XVIIIème. 24 – Passage (hypothétique). 25 – Réfectoire des convers. Converti en cellier. A l’étage noviciat.

Elle était parallèle à l’aile des moines et comprenait un dortoir à l’étage, un réfectoire et un cellier au rez-de-chaussée. Cet ensemble devait faire 90m de long et 17m environ de large.

Le réfectoire, voûté et porté sur deux rangs de gros piliers, mesurait 55,68 m de long.

Le grand cloître.

Le cloître majeur.

26 à 27 : Grand Cloître

26 – Grand cloître. 27 – Lavabo.

Il s’agissait d’un cloître carré de 42,20m de côté dont la galerie nord mesurait 4,50m de large. Ces dimensions en faisaient un des plus grands cloîtres cisterciens de France.

C’est de là que proviennent une partie des nombreux chapiteaux de la première moitié du XIIIème siècle conservés dans les environs. Un mur-bahut supportait des colonnettes de marbre surmontées de chapiteaux simples et doubles. Un bail de 1617 indique que le cloître était voûté sans préciser s’il l’était depuis l’origine.

Face au réfectoire, contre la galerie sud, s’élevait le lavabo.

L’église abbatiale.

L'église abbatiale.

28 à 36 : Eglise abbatiale.

28 – Porche. 29 – Vaisseau central et collatéraux accessibles aux laïcs. 30 – Jubé de 1620, grille de fer forgé fin XVIIème. 31 – Chœur des moines. Stalles de 1617, tableaux et orgues, lutrin de 1787. 32 – Croisée du transept dite vestibule. Au-dessus, clocher octogonal. 33 – Sanctuaire dit presbytère. Retable de Gaillard Bor, tableaux. 34 – Chapelles du bras sud. 35 – Chapelles du bras nord. 36 – Escalier du dortoir.

Influencée par Saint-Sernin, cette abbatiale en forme de croix latine à chevet plat, a été construite ou modifiée dans la première moitié du XIIIème siècle. Elle avait une nef et des collatéraux, d’une longueur exceptionnelle de 91,60m pour une largeur de 21m. Le portail occidental était doublé d’un porche d’environ 10m de long dont le niveau de circulation était plus élevé que celui de la nef.

Le transept avait une longueur de 49m dans l’œuvre. Sa largeur n’est pas connue avec précision, mais elle était au minimum de 16,16m, soit celle de l’aile des moines.

Un clocher, proche des étages romans de celui de Saint-Sernin de Toulouse, s’élevait à la croisée du transept.

Une rose à colonnettes rayonnantes s’ouvrait dans le chevet, et une autre, polylobée, dans le pignon de chaque bras du transept. Les vestiges d’une quatrième rose ont été découverts à l’emplacement du mur ouest.