Les abbés de Grandselve.

Les Abbés de Grandselve.

Présentation.

Durant les 675 années de son existence, Grandselve compta 54 abbés, dont quelques-uns sont restés célèbres.

Les premiers reçurent de nombreuses donations qui contribuèrent à sa prospérité. L’élection, appliquée dès l’origine à la nomination des chefs de la communauté religieuse, appela sur le siège abbatial des hommes éminents qui surent maintenir avec fermeté l’ordre dans l’administration et la discipline dans le monastère. C’est grâce à ces abbés réguliers que l’abbaye est surtout redevable du rang élevé qu’elle occupait dans l’Eglise et dans l’Etat.

Cependant, dès le treizième siècle, l’Eglise sentit la nécessité de faire intervenir les chapitres dans l’administration des communautés, pour tempérer le pouvoir absolu des abbés. Le pape Nicolas IV consacra définitivement les dispositions adoptées dans ce but par Innocent III et Grégoire IX, ses prédécesseurs. L’intervention des chapitres eut à Grandselve les résultats les plus heureux.

Mais la commende, dont l’usage s’établit peu après dans l’Eglise, porta un rude coup à sa prospérité. Elle lutta de toute ses forces contre la mainmise du pouvoir séculier. Malheureusement, elle succomba à ce fléau en 1476, sous le règne de Louis XI. Elle devint, dès ce moment, le prix de la faveur royale et l’apanage des grandes familles qui entouraient le trône.

Les Abbés Réguliers.

Etienne.

Etienne, selon la Chronique dite de Maillezais est le premier de la série et a été établi par Géraud de Sales. Aucun acte ni aucune autre mention ne permet de prouver sa véritable existence.

Bertrand I.

Bertrand I dirigea l’abbaye de 1128 à 1149. Il contribua largement au développement du temporel de Grandselve en acceptant de nombreuses donations, mais surtout il donna au monastère un immense rayonnement spirituel. Ce fut lui qui affilia Grandselve à l’ordre de Cîteaux en 1145 après une rencontre restée célèbre à Clairvaux avec Saint Bernard. L’abbaye languedocienne de Fontfroide s’affilia à Grandselve sous son administration en 1144, cet événement fut plus une réforme spirituelle qu’une fondation réelle. Ajoutons à cela la fondation de l’abbaye de Calers en 1147 où l’abbé Bertrand Ier construisit un monastère et installa des moines. Sa piété, sa foi et la force de ses prédications placèrent Bertrand au rang des bienheureux.

Alexandre.

Alexandre était chanoine de Cologne où il était connu pour sa science. Il céda aux exhortations de saint Bernard, venu prêcher la deuxième croisade en Allemagne, d’embrasser la vie monastique à Clairvaux. Il est un exemple du rôle personnel joué par Saint Bernard dans de nombreuses conversions. Il fut placé par le saint à la tête de l’abbaye toulousaine qu’il dirigea de 1149 à 1158.

C’est sous son abbatiat en 1150 que furent créées deux des abbayes filles : Candeil et Valldaura. Valldaura où il envoya Guilhem VI, seigneur de Montpellier, devenu moine à Grandselve, diriger le nouvel établissement qui fut définitivement transféré à Santes-Creus en 1157.

En 1168 il devint abbé général de Cîteaux et dirigea l’Ordre jusqu’à sa mort survenue en 1175. Pendant cette période, il soutint le pape Alexandre III contre l’antipape Victor.

Pons I.

Pons I, prit la tête de Grandselve de 1158 à 1165, date à laquelle il fut élu abbé de Clairvaux. Il fut plus tard nommé évêque de Clermont en 1170 et mourut en 1187. Il fut légat, chargé en 1162 d’une mission du pape Alexandre III vers le roi de France Louis VII, les abbés de Grandselve étant souvent appelés à remplir des fonctions d’arbitrage et de conciliation.

Pons II.

Pons II son successeur, dirigea l’abbaye de Grandselve de 1165 à 1174 avec une grande sagesse, et pendant son administration, comme sous celle de son prédécesseur, les possessions de l’abbaye s’accrurent considérablement. Il fut nommé, en 1166, arbitre entre l’abbé de Boulbonne et Arnaud, abbé de Combelongue. L’année suivante, l’abbaye fut cruellement éprouvée par la peste, qui emporta 45 de ses religieux.

Guy Vidal.

L’abbatiat de Guy Vidal dura de 1174 à sa mort en 1178. Cet abbé accepta de nombreuses donations.

Guillaume de Combanol.

Guillaume de Combanol, élu immédiatement après la mort de Guy Vidal, fut de 1178 à 1198 un des grands organisateurs de la richesse temporelle. De la même manière que sous les règnes de Pons I et Pons II, les possessions furent considérablement agrandies. Ces hommes de foi excellents administrateurs furent de véritables rassembleurs de terres en accumulant les achats, échangeant des parcelles et homogénéisant les propriétés. Tout ce temporel fut acquis essentiellement au cours de la seconde moitié du XIIème siècle.

Arnaud I Amaury.

Miniature Arnaud Amaury.

L’abbé suivant est aussi certainement le plus célèbre. Arnaud Amaury, d’abord abbé de Poblet fondée en Catalogne par Fontfroide, fut nommé abbé de Grandselve en 1198. Durant son abbatiat de 1198 à 1202 ou il déploya son zèle religieux et ses qualités d’administrateur, il fut un redoutable rival du comte Raymond VI de Toulouse, accusant celui-ci d’entretenir des sympathies coupables envers les hérétiques Cathares de son comté.

Poursuivant sa carrière à l’intérieur de l’Ordre, il fut élu abbé général de Cîteaux. Le pape Innocent III en fit son légat et le général en chef de l’armée des croisés contre les Albigeois. Il fut des lors un des principaux organisateurs de cette Croisade qui devait aboutir à la perte de l’indépendance du Languedoc. Son nom reste malheureusement attaché aux paroles terrifiantes prononcées au cours du siège de Béziers, le 21 juillet 1209 “Tuez-les tous, Dieu reconnaîtra les siens.”.

Il prit aussi part à la bataille de Las Navas de Tolosa en 1212 qui consacra la défaite des Sarrasins d’Espagne dans le nord de ce pays. Il assista au concile du Latran en 1215 en qualité d’archevêque de Narbonne, concile qui consacra la dépossession des terres des comtes des Toulouse au profit de Simon de Montfort.

Arnaud Amaury mourut en 1225 et fut inhumé à Fontfroide.

Guillaume II Robert.

Guillaume II Robert fut abbé de 1202 à 1214.

Pierre I.

Pierre I, siégea de 1214 à 1218.

Raymond I Pierre de Roqueville.

Raymond I Pierre de Roqueville, issu d’une famille noble du comté de Toulouse occupa le siège abbatial de 1218 à 1221.

Bernard I.

Bernard I administra Grandselve de 1221 à 1224.

Elie Garin.

Elie Guarin (1224-1232 ?) fut le grand artisan de la paix à la fin de la Croisade Albigeoise. Il fut chargé en 1228 par le cardinal Romain de Saint Ange, légat du pape, de rencontrer à Baziège le comte Raymond VII de Toulouse. Sa mission fut un succès et aboutit à la signature du traité de Meaux-Paris le 12 avril 1229, qui préparait la réunion du Comté de Toulouse à la couronne de France. Une première clause de ce traité condamnait Raymond VII à verser 1000 marcs à l’abbaye de Grandselve afin de la dédommager des préjudices subits durant la guerre. Une autre clause prévoyait la création d’une université à Toulouse. L’abbé de Grandselve fut notamment chargé d’en recruter les professeurs.

Arnaud II Gaillard.

Arnaud II Gaillard, (1232-1236) fut chargé le 3 août 1235 par le pape Grégoire IX, d’excommunier Raymond, comte de Toulouse, qui avait spolié l’abbaye de quelques possessions.

Bernard II.

Bernard II était abbé en 1236, et fit plusieurs acquisitions en 1237.

Raymond II Berthier ou Ferrier.

Raymond II Berthier ou Ferrier, abbé en 1238 se démit en 1240.

Eudes de Châteauroux.

Eudes de Châteauroux fut un des docteurs en théologie les plus célèbres de son temps. Chancelier de l’université de Paris, puis abbé d’Ourscamp, au diocèse de Noyon, il devint ensuite celui de Grandselve. Il fut nommé cardinal et évêque de Tusculum, par le pape Innocent IV, avant de devenir vice-chancelier du Saint Siège apostolique.

Pierre II Raymond.

Pierre II Raymond, reçu en 1249, par testament, du comte Raymond VII une somme de 100 marcs sterling destinée à la construction de l’église abbatiale de Grandselve.

Richard.

Richard (1249-1258) obtint de Raymond de Falgar, évêque de Toulouse, l’autorisation d’avoir des chapelles et oratoires dans ses granges, et d’y célébrer les offices. Le 27 avril 1252 l’évêque de Toulouse, accompagné de plusieurs autres prélats, présida à la cérémonie de la dédicace de l’église du monastère.

Pons III.

Pons III fut élu de 1259 à 1262.

Bernard III de Bac.

Bernard III de Bac siégea de 1263 à 1269.

Bertrand Joffre.

Bertrand Joffre, ou Géoffroi, apparaît dans les chartes en novembre 1269. Son abbatiat marque l’apogée de la puissance et du rayonnement de Grandselve.

C’est à lui que sont attachées les plus belles fondations : l’abbaye de Carthagène, la ville de Beaumont et le collège St-Bernard à Toulouse.

Le roi de Castille, Alfonse X fit construire quatre monastères, dans le royaume de Murcie. L’un d’eux établi à Carthagène avait les trois autres sous sa dépendance. En 1273 Alfonse décida de soumettre ces monastères à l’ordre de Cîteaux par l’intermédiaire de l’abbaye de Grandselve. En 1275 Bertrand Joffre nomma l’abbé de Carthagène, puis plus tard accorda à cette abbaye le privilège d’élire son abbé, sous réserve de le faire ratifier par l’abbaye mère.

En 1279, il fonda en paréage avec Eustache de Beaumarchais, sénéchal de Toulouse, la ville de Beaumont à qui il octroya une charte de coutumes.

Enfin en 1281 il obtint de l’abbé de Saint-Sernin l’autorisation de fonder un collège afin d’y enseigner la théologie, sous la condition de donner au collège le nom de saint Bernard.

Bertrand mourut à la fin de 1287 ou au commencement de 1288, et fut enseveli dans le cloître.

Pierre III Alfaric.

Pierre III Alfaric poursuivit avec autant de zèle et d’efficacité l’œuvre de son prédécesseur.

En 1290, il fit un acte de paréage avec Eustache de Beaumarchais, sénéchal de Toulouse, pour la fondation de Grenade qui fut aménagée sur le territoire de la Grange Veteri-Aqua.

Bertrand III de Bruaval.

Bertrand III de Bruaval, alias Maliarca, fut tout d’abord abbé d’Aumery avant de devenir celui de Grandselve en 1293. Il se rendit à Bordeaux, au nom de Philippe-le-Bel, avec l’abbé de Belleperche et une députation de seigneurs de Guyenne, pour sommer, Jean de Saint-Jean, sénéchal du roi d’Angleterre, de restituer la Guyenne à la France. Il était logique de la part du roi d’avoir recours à l’abbé de Grandselve, grand personnage du royaume, puisque son abbaye avait des intérêts économiques à Bordeaux. Pour elle cela signifiait de prendre position dans le conflit qui prenait de l’ampleur et allait dégénérer en Guerre de Cent Ans. Bertrand mourut durant la période de 1318 à 1319.

Jean Gilles.

Jean Gilles, moine de la Sauve-Majeure, au diocèse de Bordeaux, élu abbé de Grandselve par quelques moines, contre les règles canoniques, fut déposé par le pape en 1319.

Pons IV Maurin.

Pons IV Maurin, abbé de Valmagne, au diocèse d’Agde, fut nommé en 1319 abbé de Grandselve, par le pape Jean XXII et mourut en 1326.

Guillaume III de Piret.

Guillaume III de Piret, abbé de Beaulieu, au diocèse de Rodez, fut transféré à Grandselve par le pape Jean XXII en 1326. Il est mentionné dans plusieurs actes des années 1338 et 1346.

Raoul.

Raoul était abbé en 1348. Il obtint en 1349 du roi Philippe VI l’exemption de paiement des décimes consécutives à l’état de pauvreté du monastère dont les terres furent ravagées par la guerre. En 1351 l’état de misère où il était réduit fut tel, que les moines n’avaient pas de quoi subsister. Le roi Jean II, considérant les dommages éprouvés par l’abbaye, défendit à ses sénéchaux, capitaines et lieutenants de Toulouse et d’Agenais, de saisir ou laisser prendre les animaux et charrettes du monastère, qui fut exempté de tout péage dans le comté de Toulouse et dans la sénéchaussée de Carcassonne. Raoul mourut en 1368.

Bernard IV de la Fours.

Bernard IV de la Fours, fut mis, en 1368, à la tête de l’abbaye de Grandselve par le pape Urbain V. On le retrouve dans des chartes jusqu’en 1386.

Bertrand IV.

Bertrand IV, fut abbé de 1386 à 1391.

Galin.

Galin, placé en 1391 à la tête de l’abbaye, paraît dans des titres des années jusqu’en 1398.

Pierre IV Olier.

Pierre IV Olier, proviseur du collège de Saint-Bernard de Toulouse, abbé de 1400 à 1424 (?).

Jean I Azémar.

Jean I Azémar était abbé en 1424. Il fut déposé en 1432 à cause de sa mauvaise administration.

Gilles de Morban.

Gilles de Morban, élu en 1432, fonda, en 1454, la chapelle du Purgatoire, dans l’église de Grenade, et en établit les statuts le 13 janvier 1460. Il mourut en 1461.

Bertrand V d’Albi.

Bertrand V d’Albi, abbé en 1463, prêta serment de fidélité, le 24 novembre 1469, à Charles, duc de Guyenne, frère du roi Louis XI, pour tous les biens de l’abbaye dépendant de son apanage.

Arnaud III Blanc.

Arnaud III Blanc, 1475. Dernier abbé régulier élu par les moines.

Les Abbés Commendataires.

Antoine-Pierre de Narbonne.

Antoine-Pierre de Narbonne ouvre la liste des abbés commendataires. Pendant près d’un siècle cette maison sera la seule bénéficiaire des revenus de l’abbaye. Antoine-Pierre de Narbonne, abbé de Grandselve et de Fontfroide en 1476, fut élu évêque de Vabres le 2 février de la même année. Il se démit de l’abbaye de Grandselve en faveur du suivant, dans le courant de 1477. Il mourut, le 20 août 1499, à Fontfroide, où il fut inhumé.

Georges I d’Amboise.

Georges d'Amboise.

Georges I d’Amboise, lui succéda en 1477 à l’âge de 17 ans. Il fut nommé évêque de Montauban en 1484. Il devint en 1492 archevêque de Narbonne, puis de Rouen en 1494. Il est surtout resté célèbre comme ministre de Louis XII.

Louis I de Narbonne.

Louis I de Narbonne, frère d’Antoine Pierre, était d’après les titres du monastère, abbé en 1494. En 1514, il fit orner de peintures l’église et le cloître. Il remplaça son frère en 1499, comme évêque de Vabres et abbé de Fontfroide, et mourut le 7 février 1519.

Gabriel I de Narbonne.

Gabriel I de Narbonne, abbé de Candeil, fut nommé abbé de Grandselve de 1519 et la posséda jusqu’en 1530.

Georges II de Narbonne.

Georges II de Narbonne, fils de Guérin de Narbonne, fut pourvu de l’abbaye de Grandselve dans l’année 1533, et la régissait encore en 1535.

Jean II Bertrand.

Jean II Bertrand fut pourvu de l’abbaye de Grandselve puis fut fait évêque de Comminges en 1551, promu à l’archevêché de Sens en 1557, nommé cardinal du titre de Saint-Prisque dans la même année, et mourut à Venise le 4 décembre 1560, à l’âge de 90 ans.

Pierre V Bertrand.

Pierre V Bertrand, docteur ès droits, frère ou cousin du précédent, est qualifié abbé de Grandselve, le 23 novembre 1550, dans un procès-verbal de la délibération des Etats
de Quercy, assemblés à Caylus. Pierre Bertrand était en même temps qu’abbé de Grandselve, official, archidiacre-mage et vicaire-général du diocèse de Cahors, lorsqu’il fut nommé évêque de cette ville, par suite de l’échange qu’il fit avec le cardinal Alexandre Farnèse, en date du 31 juillet 1557. Il mourut à Rome le 3 septembre 1563.

Alexandre II Farnèse.

Alexandre Farnese.

Alexandre II Farnèse, fils aîné de Pierre-Louis Farnèse duc de Parme et de Plaisance, fut cardinal, évêque de Tusculum, vice-chancelier de l’église romaine, légat d’Avignon, et nommé abbé de Grandselve grâce à son crédit à la cour de France et auprès du pape Paul III, son parent. A l’époque de son abbatiat l’abbaye jouissait encore de grandes ressources, mais par suite des troubles religieux, des soldats résidaient dans l’intérieur du monastère.

N. de Laroque.

N. de Laroque ou de la Roche, de Toulouse, 1589. Il est remplacé par Pierre VI de Lanes, élu abbé par les religieux, le 29 mai 1593. Le roi refusant son élection, il se démit.

Louis II de Nogaret de La Valette.

Louis II de Nogaret de La Valette, troisième fils de Jean-Louis, duc d’Epernon, et de Marguerite de Foix, comtesse de Candale, abbé de Saint-Sernin, de Saint-Victor de Marseille, de Saint-Mélaine de Rennes, de la Grasse, de Berdoues, de Saint-Vincent de Metz, et du Gard, prieur de Saint-Martin des Champs, fut pourvu, en 1599, à l’âge de six ans de l’abbaye de Grandselve, et s’en démit en 1612, au profit de François de Joyeuse, qui lui céda, en échange, l’archevêché de Toulouse.

François de Joyeuse.

François de Joyeuse.

François de Joyeuse, second fils de Guillaume de Joyeuse, maréchal de France, et de Marie de Batarnai, nommé, à l’âge de 20 ans, archevêque de Narbonne en 1582, fait cardinal en 1583, promu à l’archevêché de Toulouse en 1584, céda ce dernier siège, en 1612, à Louis de Nogaret, et le remplaça bientôt après comme abbé de Grandselve. La même année, il fut appelé à l’archevêché de Rouen, et mourut en 1615.

Louis II de Nogaret de La Valette.

Louis de Nogaret de la Valette.

Louis II de Nogaret de La Valette reprit le titre d’abbé de Grandselve en 1616, fut nommé cardinal en 1621 par le pape Paul V et joignit dans la suite à ces dignités celles de conseiller et de premier aumônier ordinaire du roi. Richelieu lui donna le commandement des armées en Allemagne, en Savoie, et enfin en Italie où il mourut en 1639, à l’âge de quarante-six ans. Le cardinal de Lavalette montra pour l’abbaye toute la sollicitude d’un abbé régulier; de beaux travaux d’art, parmi lesquels il faut placer la peinture des vitraux et la restauration du
chœur s’accomplirent sous son abbatiat.

Louis III, Armand de Bourbon.

Louis III, Armand de Bourbon, prince de Conti, fils d’Henri II prince de Condé, et de Charlotte Marguerite de Montmorency, abbé de Saint-Denis, de Cluny, de Lérins, de Molême, fut pourvu en 1639 de l’abbaye de Grandselve à la mort de son prédécesseur et fut un abbé peu digne de ce titre. Il s’occupa fort peu de l’administration de ce monastère, dont il confia la gestion à ses intendants. Il eut de nombreux procès avec les religieux. Le 26 mars 1647 la communauté députa vers le jeune prince Dom François de Lonjon, son syndic, pour lui présenter ses hommages, lui peindre sa détresse, le prier de pourvoir à l’entretien des lieux réguliers et à la réparation des bâtiments conventuels qui menaçaient ruine. Elle chargea au mois d’octobre 1651 le même religieux de se rendre à Bordeaux, pour renouveler ses doléances avec une nouvelle force; mais ces démarches n’eurent aucun résultat, et elle dut se résoudre à porter ses griefs devant la justice. Louis Armand de Bourbon épousa, en février 1654, Anne-Marie Martinozzi, nièce du cardinal Mazarin, après s’être démis, en 1659, de tous ses bénéfices en faveur de ce dernier.

Jules Mazarin.

Jules Mazarin.

Jules Mazarin, cardinal, premier ministre, prit possession de l’abbaye le 2 juin 1654 alors qu’il n’avait reçu que la tonsure, et que le Pape lui refusait les bulles d’institution canonique. Cela ne l’empêcha point de prendre possession de l’abbaye par les soins d’un procureur. Il ne s’en occupa que pour en percevoir les revenus, et eut avec les religieux des difficultés incessantes, qui ne s’achevèrent qu’à sa mort, survenue en 1661.

Gabriel de Roquette.

Gabriel de Roquette.

Gabriel de Roquette, prieur de Charlieu, né à Toulouse, nommé, le 10 mars 1661, abbé de Grandselve par le roi, n’obtint ses bulles que le 22 avril 1665. Il fit prendre possession de l’abbaye en 1662. Il fut nommé évêque d’Autun le 1er mai 1666, et confia l’administration du temporel de Grandselve à son frère Jean de Roquette, conseiller au parlement de Toulouse, qui rétablit l’ordre dans les affaires de la communauté. Il mourut en 1707.

Joseph Emmanuel de la Trémouille.

Joseph Emmanuel de la Tremoille.

Joseph Emmanuel de la Trémouille, fut nommé abbé de Grandselve le 23 avril 1707. Il mourut à Rome le 9 janvier 1720, après avoir cédé son titre en faveur du suivant.

Frédéric Marcel de Lanti de la Roère.

Frédéric Marcel de Lanti de la Roère, neveu du précédent, par sa mère Antoinette de la Trémouille, fut pourvu, en 1719, de l’abbaye de Grandselve. Prélat de la cour romaine, son abbatiat se prolongea jusqu’à l’année 1761 où il céda son titre à M. de Véry.

Joseph de Very.

Joseph de Very était abbé de Grandselve en 1766, et fut transféré, en 1778, à l’abbaye de Saint-Martin de Troarn.

Louis-Athanase-Boniface Balbis de Berton de Crillon.

Louis-Athanase-Boniface Balbis de Berton de Crillon, petit neveu de Louis de Balbis de Berton dit le brave Crillon, fut nommé le 19 novembre 1779 abbé de Grandselve, en remplacement de Joseph de Very. Il est surtout connu par ses démêlés et son procès avec les moines pour la perception des revenus. Il mourut au début de 1789 et clôt la liste des abbés.